Le tabac : 80 ans de lutte et de prévention
La consommation de tabac est aujourd’hui reconnue comme étant la première cause de mortalité évitable dans le monde. Cela n’a pas toujours été le cas. Depuis la mise en lumière du lien entre le tabac et un certain nombre de maladies, les politiques publiques n’ont eu de cesse de proposer des mesures de prévention.

Au milieu du 20e siècle, le tabac n’était pas considéré comme un problème. Il était courant de fumer dans les lieux publics et de nombreuses publicités pour des marques de cigarettes étaient largement diffusées.
C’est à l’issue de la seconde guerre mondiale, en 1947, que deux chercheurs anglo-saxons se penchent sur la question du tabac en étudiant de plus près les cancers du poumon qui se multiplient à cette époque en même temps que le nombre de fumeurs. Austin Bradford Hill et Richard Doll arrivent rapidement à la conclusion que le tabac est un facteur de risque du cancer du poumon. Il leur faudra cependant attendre 10 ans avant que leurs résultats soient acceptés par la communauté scientifique. En 1957, l’organisation mondiale de la santé (OMS) reconnait le tabac comme une toxicomanie.
A partir de ce moment, les états commencent à mettre en place des politiques de santé publique contre le tabac. Les premières mesures consistent à encadrer la publicité autour du tabac. En France, c’est la loi Veil votée en 1976 qui limite la publicité et impose des avertissements sanitaires. Elle est rapidement rejointe et appuyée par la loi Evin de 1991 qui interdit toute forme de publicité pour le tabac.
A l’échelle mondiale :
Selon l’OMS, dans les années 2000, environ 1 adulte sur 3 dans le monde consommait du tabac.
En 2010, l’OMS lance des mesures mondiales de lutte contre le tabac avec un package d’outils de prévention destiné aux pays afin qu’ils instaurent une politique de lutte efficace. En association avec ces mesures, l’OMS se fixe un objectif de 30% de baisse de consommateurs de tabac sur 15 ans.
Les 6 mesures sur lesquelles les pays sont invités à agir pour lutter efficacement contre le tabac sont résumées par l’acronyme MPOWER (en anglais).
Les mesures MPOWER :
- Monitor : étudier la consommation de tabac, savoir combien de personnes sont fumeuses dans le pays. Cela permet d’enrichir les bases de données et de mesurer les évolutions de la consommation.
- Protect : protéger du tabagisme passif, par exemple en interdisant de fumer dans les lieux clos.
- Offer help to quit : proposer de l’aide pour arrêter de fumer, accompagner les personnes qui souhaitent se sevrer.
- Warn : informer sur les dangers du tabagisme.
- Enforce : faire respecter les lois sur les publicités.
- Raise tax : augmenter les taxes sur le tabac.
En 2022, 150 pays étaient engagés dans des démarches de prévention et ont réussi à faire baisser la consommation de tabac de leur population. Certains pays avancent plus vite que d’autres, quelques-uns ayant déjà atteint l’objectif des 30% de baisse (Pays-Bas, Brésil).
Dans cette même étude de 2022, on observe une baisse significative de la consommation car désormais seul 1 adulte sur 5 dans le monde consomme du tabac ce qui correspond environ à 1,25 milliard d’adultes.
Cependant, l’objectif défini par l’OMS ne sera pas atteint, la baisse moyenne sera plutôt aux alentours de 25% plutôt que 30%. Il reste des efforts à faire pour atteindre la baisse souhaitée.
A l’échelle française :
A l’image mondiale, le tabac est la première cause de mortalité évitable en France. En effet, dans l’Hexagone, le tabac est responsable d’environ 75 000 décès par an.
La France a connu une période de baisse inédite de la consommation du tabac entre 2016 et 2019. Aujourd’hui, on constate plutôt une stabilisation du nombre de consommateurs. En 2022, il y avait 12 millions de fumeurs quotidiens. Toutefois, parmi les fumeurs quotidiens, près de 60% disaient avoir envie d’arrêter de fumer.
Au niveau régional, la prévalence varie selon les régions entre 21,7% et 29,1%. Les régions avec les prévalences les plus élevées sont l’Occitanie et la région PACA.
Depuis 2016, on observe une augmentation significative de l’utilisation quotidienne de la cigarette électronique (5,5% en 2022 contre 2,5% en 2016). Ce dispositif peut être utilisé comme substitut nicotinique pour arrêter de fumer. Cependant, l’OMS a jugé la cigarette électronique comme nocive et ne la recommande pas comme remplacement à long terme de la cigarette classique.
La lutte contre le tabac est un enjeu clé dans les politiques de santé publique françaises. D’ailleurs, en 2023, le troisième plan national de lutte contre le tabac est instauré avec des objectifs jusqu’en 2027. Le deuxième plan (PNLT 2018-2022) a permis de réduire le nombre de fumeurs quotidiens en France de 1,9 million.
L’objectif du gouvernement serait d’atteindre une prévalence de tabagisme à l’âge adulte de moins de 5% pour les enfants nés en 2014. Ainsi, 2032 pourrait voir la première génération sans tabac.
Les mesures phares du plan 2023 – 2027 se concentrent autour de 5 axes :
- Prévenir l’entrée dans le tabagisme, en particulier chez les jeunes
- Accompagner les fumeurs, en particulier les plus vulnérables, vers l’arrêt du tabac
- Préserver notre environnement de la pollution liée au tabac
- Transformer les métiers du tabac et lutter contre les trafics
- Améliorer la connaissance sur les dangers liés au tabac et les interventions pertinentes
Ces axes se déclinent en 26 actions. La toute première action étant de déployer la stratégie nationale multisectorielle de développement des compétences psychosociales (CPS) chez les enfants et les jeunes.
Les CPS définies par l’OMS comme : « un ensemble de ressources psychologiques et d’aptitudes sociales. Elles permettent de maintenir des comportements favorables à sa santé, de répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne dans les relations avec autrui, sa propre culture et son environnement » sont désormais au cœur des politiques de prévention.
De nombreuses recherches ont montré l’efficacité des programmes de développement des CPS sur les conduites à risques et notamment les consommations d’alcool, de drogues et de tabac.
C’est un tournant que l’on observe dans la prévention qui va à l’encontre les actions ponctuelles et moralisatrices en faveur de programmes complets pour des choix éclairés.
La lutte contre le tabagisme, continue, évolue et plus que jamais nous avons le pouvoir d’être acteur de notre santé.
A l’échelle de la MGP :
Au sein de la MGP, nous proposons avec notre partenaire Santéclair un programme de coaching pour l’accompagnement à l’arrêt du tabac pour nos adhérents.
Service prévention et promotion de la santé
Sources :
https://www.ligue-cancer.net/cancer-et-tabac-letude-de-richard-doll
https://www.lesouffle64.fr/historique-et-mefaits-du-tabac/
https://iris.who.int/bitstream/handle/10665/372043/9789240077164eng.pdf?sequence=1