Obésité : il était un foie...
Ce contenu écrit de manière décalée permet de comprendre l’évolution d’une atteinte au foie.

L’obésité est décidemment un gros problème…
Quand on aborde le registre des complications de l’obésité, on a vraiment l’impression d’entonner une mauvaise litanie : et les genoux, et le cœur, et les poumons, etc.
Et à ce tableau assez noir foncé – à tout le moins, il faut le souligner, dans l’obésité sévère – il faut ajouter une autre complication encore, moins connue : l’atteinte du foie.
CIRRHOSE M’ÉTAIT CONTÉE…
Je voudrais, en effet, aborder cette autre complication, touchant donc le foie, pour la « bonne » raison que l’obésité, eh oui !, est aujourd’hui la première cause de cirrhose du foie. Ce n’est pas seulement parce que la consommation d’alcool s’est notablement réduite, c’est bel et bien en raison de la grande fréquence de l’obésité et, partant, de la grande fréquence de son retentissement sur le foie.
Considérons maintenant les stades évolutifs d’une telle atteinte.
La stéatose
Le début du commencement, c’est la stéatose. C’est un mot issu du grec (comme très souvent en médecine !), et qui veut dire « graisse ».
En clair, cela veut dire que le sujet obèse a, souvent, un foie surchargé en graisses ; au bout du compte un foie gras. Le dépôt adipeux peut donc concerner le ventre, les fesses, mais aussi les viscères. Ceci se voit très bien en échographie, où le foie apparaît « hyperéchogène » (comparativement à son voisin : le rein). Comme cela se voit très bien aussi au scanner, ou encore à l’IRM.
Et le radiologue de conclure alors : « foie de surcharge ».
L’hépatite
Bon, qu’il y ait une surcharge graisseuse du foie dans l’obésité, ce n’est pas une très grande surprise. Mais le problème, c’est que cette surcharge peut générer un véritable effet toxique sur le foie, une authentique hépatite !
L’obésité est donc un agent agresseur pour le foie, au même titre que l’alcool, des virus, certains médicaments, ou d’autres toxiques encore. S’il n’y a pas de consommation excessive d’alcool associée, on parle alors de « NASH », pour « non-alcoholic steatohepatitis ».
La marque biologique est une élévation du taux des enzymes du foie : les transaminases (plus précisément : ASAT et ALAT).
Il faut tiquer quand on voit leur taux s’élever d’un facteur 2.
La fibrose
Bon, après tout, qu’un toxique génère un peu d’inflammation, ce n’est pas très étonnant. Mais là où les choses deviennent ennuyeuses, c’est quand le foie commence à faire la tête, quand il réagit à l’inflammation chronique en faisant de la fibrose.
Parce que quand le foie est surchargé, cette surcharge peut régresser avec la régression pondérale ; quand le foie est inflammatoire, ça peut se restaurer avec la cessation de l’exposition à l’agent agresseur. Mais quand c’est fibreux ; eh bien, c’est… fibreux. Le tissu est devenu fibreux, et ça ne peut plus régresser significativement. On ne peut plus que tenter de limiter l’évolution.
Pour le diagnostic, ça serait bien d’éviter la ponction du foie. Aussi dispose-t-on d’une batterie de tests biologiques, assez spécifiques et sensibles (le « fibrotest » et autres).
La cirrhose et le cancer
Et malheureusement, un foie agressé dans la longue durée peut réagir avec au bout du compte une cirrhose, laquelle est un facteur de risque de cancer (c’est le carcinome hépatocellulaire).
Pour un contingent réduit, certes, mais comme l’obésité est très fréquente, encore une fois nous avons ici la première cause aujourd’hui d’entrée dans la cirrhose.
UN ESPOIR AVEC LES TRAITEMENTS ?
Faisons ici la distinction classique entre le traitement préventif et le traitement curatif.
Le traitement préventif, c’est bien sûr la réduction pondérale – tant que faire se peut.
Le plus tôt possible, et dans tous les cas avant les deux derniers stades.
Le traitement curatif, nous n’en disposons pas véritablement avec la pharmacologie, c’est-à-dire avec les médicaments.
Ce qui revient à dire que dans les stades sévères, le traitement, c’est quasi tout ou rien : rien si ce n’est tout de même pas trop grave ; la transplantation hépatique sinon.
Conclusion lapidaire : le foie gras répété, ce n’est pas très bon pour le foie…
Auteur : LALAU Jean-Daniel (Pr - Médecin nutritionniste)
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